Tahiti by Muriel
Tahiti décrit par papa c'est bien mais... y'a plein d'keutru(s) de d'jeun's qu'il connait pas !
A moi donc la lourde tâche de vous raconter...
4 septembre 2006, 7h du matin, LPG, Lycée Paul Gauguin : le choc. 1500 élèves, 14 classes de chaque niveau. Tous les jours des nouvelles têtes ! Sacré contraste avec Bamako où on était 500...
L'ambiance au lycée est très, très, très, très cool (et je dirai même plus : carrément cool quoi hein). Oui, parce que le travail, c'est fiu (à prononcer fiou).
Mais qu'est-ce que le fiu ? Aaaaah vaste question... c'est un peu tout, la flemme, la fatigue, la démotivation, le manque d'envie, la déprime, la lassitude... et my Gosh c'que ça s'attrape vite. C'est un peu difficile à expliquer, mais au bout de trois jours sur l'île, on comprend c'que ça veut dire, et on lâche à tout va « pétard, chuis fiu », sans même s'en rendre compte.
La semaine donc, c'est tranquille. Et le week-end, il faut bien décompresser d'la semaine é-pui-sante qu'on vient de passer, donc la jeunesse décadente va trip chez un collègue (bienvenue dans le langage des teenagers polynésiens, oui, « trip » c'est une soirée arrosée, une fête chez un « collègue », un pote, un copain), qui a invité d'autres collègues de Taaoné, La Mennais ou Raapoto (les trois plus gros lycées de Papeete et des environs), elle socialise, danse, joue au tarot, raconte des blagues et connaît rapidement tout plein de gens.
En fait, c'est tous des bons fêtards, de 12 à 99 ans, du vendredi midi au dimanche soir ils se torchent à la Hinano (bière locale, pas très très à mon goût), fument du paka (le cannabis du fenua, « le territoire » en tahitien), et traînent tard dans les rues. C'est dans ces moments-là qu'ils sont violents et désagréables au possible, et comme ils sont très baraqués, parfois ça va un peu loin... un peu trop loin (j'ai entendu une histoire sordide d'une femme qui a été immolée parce qu'elle avait mal parlé à son cher et tendre...).
M'enfin, à part ça, c'est vraiment un peuple pacifique (normal, on est dans le Pacifique). Ils sont faciles à aborder, tout le monde se tutoie, de la caissière chinoise à notre cher Gaston Tong Sang en passant par les profs, dans la rue, au marché, et serviables dans l'ensemble, chemise à fleur, tiaré derrière l'oreille et sourire sur tous les visages.
Par contre, les vahinés, c'est un mythe qui en prend un coup, qui prend 120 kg pour être exacte. Car oui, l'obésité, c'est un vrai problème... casse-croûtes bien gras, sucreries & co à n'importe quelle heure... assez impressionnant.
Ah et aussi, il y a beaucoup de tahitiens très « m'as-tu vu ? », tout est dans le paraitre. Ils s'endettent sur des années pour s'acheter un 4x4 plus beau, gros et moderne que celui du voisin (d'ailleurs, je me régale des publicités pour les grosses voitures) ; alors qu'ils vivent dans un fare (une maison, à prononcer faré) en tôle... Il faut faire riche. Il faut avoir.
Mais heureusement, ils sont le peuple élu. La Polynésie est en effet protestante depuis quelques siècles, et c'est encore très pratiqué. Y'a des temples partout partout, et le culte du dimanche matin est très fréquenté... les femmes s'habillent bien, mettent un chapeau, et ça chante, ça chante, chante...
L'autre jour, en allant dans le sud de l'île, on est passés près d'un panneau que je regrette réellement de ne pas avoir pris en photo (mais j'avais plus de piles), où c'était écrit : « Jésus revient, seul espoir dans ce monde en crise ». J'ai adoré. La fois suivante, c'était « Jésus revient à la maison ». On a aussi l'église où Jésus a été révélé par 15 femmes, et tutti quanti. On a aussi des bouddhistes, des témoins de Jéovah, et même des raéliens !
Sans transition, passons à un phénomène très... local : les reres (à prononcer réré). C'est des travestis, tout ce qui a de plus habituel : faux seins, habillées en femme et « salut, je m'appelle Katia », ils sont considérés comme des femmes. Un travlo quoi. Sauf qu'ils ont un rôle bien spécifique... il en faut un par famille. En cas de guerre ou je sais pas trop quoi, les hommes partent, les reres restent, et peuvent assurer une descendance aux femmes si les maris reviennent pas... pas bête hein ?
On en croise partout, c'est complètement accepté culturellement. Chaque resto, bar, magasin (...) a son rere, et j'ai quelques copains qui ont eu quelques surprises en boîte de nuit... !
Et y'a aussi les mahus (à prononcer mahou), qui sont des hommes efféminés et homos, plus proches des homos de nos sociétés.
Au lycée, on a un rere travesti, et quelques mahus.
Voilà ce que mon inspiration du moment m'a dicté...
Pour les photos, je vous renverrai sur mes sites supermégagéniaux :
pour les photos de l'île : http://www.flickr.com/photos/paofai
pour les photos des gens : http://www.flickr.com/photos/papeete
Nana, comme on dit ici ! (j'adore le tahitien, au lieu de nana j'ai essayé de dire gonzesse mais les gens ne comprennent pas la subtilité de la blague... pauvres de nous).
A plus tard crocodile.
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